Bonsoir,
Voici un intéressant débat qui est posé ici.
De mon côté, je considère qu'il y a accessible et accessible, ou plus précisément, techniquement accessible et pratiquement accessible.
Au premier niveau, il y a les logiciels et sites qui sont techniquement accessibles, mais qui ne sont pas pratiquement accessibles: ça marche plus ou moins avec le lecteur d'écran, mais ça reste peu pratique, peu intuitif, compliqué ou fastidieux à utiliser.
ET au top niveau on a le logiciel ou site qui est accessible aux lecteurs d'écran et vraiment intuitif à utiliser.
Avec le Salon et quelques-uns de mes autres logiciels/sites, je m'efforce d'être au top niveau, même si on m'accuse régulièrement et à raison, de faire de l'accessibilité inversée.
J'essaie de m'améliorer sur ce point, mais c'est pas facile. Je cherche d'ailleurs toujours des bonnes âmes qui pouraient m'y aider.
On peut parfaitement faire un logiciel ou site dit nativement accessible, mais qui ne dépasse pas beaucoup le premier niveau.
En fait, c'est hélas le premier niveau qui est tout juste atteint la plupart du temps quand on prétend que c'est accessible.
Pourquoi ? Parce qu'on se contente de se conformer à des référentiels, par exemple le WCAG pour les sites web, mais sans faire tester aux personnes concernées directement.
Résultat, on a un truc techniquement certifié accessible mais qui reste pratiquement pas cool à utiliser. Au final on ne l'utilisera pas ou seulement si on n'a pas d'autre choix (genre les trucs plus ou moins ignobles des banques, des impôts ou de l'état).
Pour en revenir plus spécifiquement à HS et aux autres jeux qui ont été rendus accessibles grâce à des patchs extérieurs, le gros problème que je relève, c'est qu'ils dépendent du bon vouloir de très peu de personnes.
Alors oui, c'est fantastique que ces patchs existent, remercions ceux qui les font, profitons-en tant qu'il en est encore temps, mais il faut garder à lesprit que ce n'est pas viable à long terme et que la porte peut se refermer à tout moment, que ce soit parce que les personnes ne peuvent/veulent plus mettre à jour le patch, ou parce que le développeur original du jeu décide de changer complètement de système ou de considérer le patch comme un bot de triche à bannir absolument.
D'ailleurs pour HS ça a failli arriver, ça devrait nous faire réfléchir. Je pense notamment à ceux qui y ont investi plus ou moins massivement de l'argent réel.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas payer, mais est-ce que blizzard le mérite vraiment ?
En ce qui concerne l'OCR ou les systèmes qui se basent sur les coordonnées des éléments, d'après moi, ça fait partie des choses qui peuvent dépanner ponctuellement, mais ce n'est en aucun cas de l'accessibilité à long terme.
C'est extrêmement fragile et pas très fiable. C'est à utiliser ponctuellement quand ce qui devait être fait n'a pas été fait correctement, rien de plus.
Les scripts pour Jaws ou NVDA ne sont pas beaucoup mieux en matière de fiabilité: une mise à jour peut tout casser beaucoup trop facilement.
C'est pour ça que pour l'instant, je considère que steam n'est pas accessible, et que c'est une barrière, quand bien même il y a quelques jeux qui pourraient être accessibles derrières.
Je compar un peu ça avec les chaînes de TV qui diffusent des films avec audiodescription de temps en temps, c'est super, mais tant que ma TV et/ou l'app smartphone et/ou la box ne sont pas accessibles, ça ne sert pas à grand chose, je ne suis pas vraiment autonome.
Qu'est-ce qu'il faut faire alors ? Je ne prétends pas avoir la solution miracle, loin de là, mais j'ai quand même quelques pistes à suggérer:
- Former et informer sur l'accessibilité, et insister sur la nécessité d'impliquer autant que possible les personnes concernées directement, encore et encore
- Montrer qu'on est là et que ça nous intéresse, encore et encore
- Montrer que l'accessibilité numérique, quand c'est correctement fait, ça bénéficie à tout le monde, et pas uniquement à certains
- Montrer que l'accessibilité, ça ne veut pas forcément dire renoncer à certaines choses, mais juste les penser autrement
Voilà, je m'arrête là pour l'instant, mais il y en a encore beaucoup à dire.